Soumis à une obligation de réussite croissante, les élèves craquent sous la pression et rejettent le système scolaire. La phobie scolaire est une pathologie aussi grave que sournoise, devenue en l’espace de quelques années l’un des grands motifs de consultation chez les psys. Il existe quelques rares solutions adaptées comme par exemple à Grenoble, la classe passerelle du Lycée Stendhal…Le LCHD (Lycée Collège à l’Hôpital et à Domicile) s’occupe de plus de 300 adolescents phobiques et dépressifs, handicapés, cancéreux… dont la moitié de cas lourds qu’il tente de réadapter à la vie scolaire. Le dispositif est présent dans 4 hôpitaux du secteur grenoblois. Au CHU de Grenoble, la petite salle de classe, au 9ème étage accueille les élèves, ceux qui sont prêts, deux heures par jour au maximum. Des cours sont aussi assurés dans les chambres d’hôpital, à domicile, voire même par téléconférence via un ordinateur et une palette graphique. Enfin la classe passerelle du Lycée Stendhal permet aux élèves phobiques d’amorcer un retour progressif vers leurs établissements d’origine. Auprès de tous ces élèves, le rectorat a détaché une vingtaine d’enseignants à temps partiel, équipe complétée par 35 bénévoles (professeurs à la retraite) de l’association AEEMDH et 10 jeunes chercheurs universitaires qui assurent les cours de physique-chimie.
La phobie scolaire n’est pas un phénomène nouveau, les 1eres descriptions des refus d’aller à l’école datent de 1882, date des lois Ferry officialisant l’instruction laïque et obligatoire jusqu’à 14 ans. Au mot phobie scolaire, qui apparaît pour la 1ere fois en 1941, les experts préfèrent aujourd’hui parler de refus anxieux de l’école. Depuis environ 10 ans, les pédopsychiatres jugent que ce trouble augmente en fréquence, la croissance est même exponentielle, ce qui n’est guère étonnant si l’on considère l’exigence de performance demandée actuellement aux élèves par les parents, les enseignants, et toute la société.
Les causes de la phobie scolaire sont multiples et notamment l’anxiété de performance, avec peur de l’échec et de ne pas être à la hauteur, mais également l’anxiété de séparation, qui fait que certains enfants ont de plus en plus de difficultés à quitter la maison pour se rendre à l’école. L’approche d’un voyage scolaire peut être un élément déclenchant. La phobie sociale est également une cause fréquente, l’enfant redoutant le jugement de l’autre adulte ou non. Leur timidité pathologique est telle, qu’ils paniquent à l’idée d’être interrogés au tableau, de devoir parler devant les autres. Tous ces phénomènes peuvent entraîner des blocages irréversibles et « polluer » durablement une scolarité.