Jusqu'au 4 Janvier 2009, le château de Versailles accueille une rétrospective de l'oeuvre de Jeff Koons, la première consacrée à cet artiste en France. Dix-sept pièces majeures de l'artiste américain Jeff Koons sont installées dans les appartements du roi et de la reine, et la Galerie des glaces. En point d'orgue, 'Split Rocker' est présenté sur le parterre de l'Orangerie.
La rétrospective présente dix-sept oeuvres dont certains grands classiques de l'artistes conceptuel. Sélectionnées in situ, elles parient sur la relation établie entre l'oeuvre et son lieu d'exposition. Les appartements royaux dont la décoration est abondante, ornés de sculptures et de peintures de l'époque baroque pourraient fagociter par leur somptuosité les sculptures symboliques de l'artiste. Ce dernier a abondemment utilisé les repères et objets de la culture de consommation qui constituent la nouvelle imagerie populaire. Bibelots rococo, souvenirs de bazar (lapins gonflables, bergères ou petits cochons en sucre, Michael Jackson en porcelaine, etc.), appareils électroménagers, etc.
Jeff Koons avec ses objets désabusés, féeries de carton pâte, appose sa marque sur le mobilier, occupe le centre de chacune des pièces, reprenant à l'encan la thématique purement décorative de l'art baroque. Lobster, le homard géant en aluminium polychrome, accroché dans le salon de Mars du château de Versailles trône tête en bas, son rouge carmin et ses pinces or faisant écho aux peintures d'abondance des moulures. Rabbit, le lapin d'acier, et Pink Panther, une panthère rose de porcelaine enlaçant une femme blonde, investissent respectivement dans les salons de l'Abondance et de la Paix. La vitrine d'aspirateurs placée au milieu d'un ensemble de portraits de femmes est-elle ironique ? Le self Portrait dans le salon d'Apollon un regard judicieusement dérisoire ?
Le spectateur oscille entre le plaisir de la dérision et l'agacement, entre la sacralisation du luxe ostentatoire d'une monarchie absolue ou celle du luxe spéculatif de l'oeuvre d'art aujourd'hui. Dans les deux cas, il s'agit bien plus d'une mise en scène dont l'objectif est de nous ébahir avant toute autre chose. Il reste que cette rétrospective de Jeff Koons en France est exceptionnelle et qu'elle réunit des pièces dispersées au quatre coins du monde par les ventes aux enchères, dont l'artiste est un habitué (Balloon Flower, une fleur en ballon de baudruche, a été adjugé 16 millions d'euros par Christie's, en juin dernier). Quand on vous disait que le roi Soleil et Jeff Koons maniaient pareillement les atouts du capitalisme ! Renée Lauster pour beaute-femme.org