Lorsqu’on pense adoption, nous, les français, pensons attente interminable, parcours du combattant, procédure démesurée voire même échec. Pourquoi tant de difficultés et un processus si long et compliqué pour adopter en France ? Pour comprendre ce qui est bien souvent vécu par les familles désireuses d’adopter comme une volonté de leur mettre des bâtons dans les roues, il faut comprendre la volonté de l’Etat de garantir avant tout le bien-être et l’équilibre de l’enfant.Précisons avant tout chose que nous ne parlerons pas ici de l’adoption (en France) d’un enfant étranger qui relève pour une grande partie de la législation du pays choisi (une partie de la procédure d’adoption variant forcément selon le pays de naissance de l’enfant).
Mais nous tenterons de comprendre pourquoi l’adoption d’un enfant français est si difficile, pourquoi les adoptions d’enfants étrangers sont près de 4 fois supérieures chaque année à celles d’enfants français.
Selon le rapport pour la réforme de l’adoption présenté par Ségolène Royal en 2001, il faut en moyenne, en France, 3 ans d’attente pour parvenir à adopter, parfois bien plus, rarement moins. Mais pourquoi ?
Pour commencer, contrairement aux idées reçues, il y aurait en France bien moins d’enfants adoptables qu’on ne le pense. En effet, on dénombrerait aujourd’hui de moins en moins d’abandons du fait notamment des aides importantes allouées aux familles. De même, les moyens de contraception se développent et s’étendent et qui dit contraception, dit contrôle des natalités, d’ailleurs aujourd’hui, si on ne veut pas d’enfant, plus rien n’oblige non plus à poursuivre la grossesse. Deux phénomènes qui seraient pour beaucoup dans la diminution significative des abandons d’enfant.
De plus, la loi française pose de nombreuses conditions bien précises encadrant l’adoption et sa procédure.
Pour exemple,
-Elle précise que toute adoption doit être prononcée par jugement qu’elle soit simple ou plénière.
-Lorsque l’enfant adoptable a plus de 13 ans, il doit donner son consentement pour l’adoption, dans le cas contraire, l’adoption n’aura, en principe, pas lieu.
-Une personne ou un couple désireux d’abandonner son enfant n’a en aucun cas le droit de confier lui-même cet enfant à une famille adoptive, l’enfant devant préalablement être confié à une autorité compétente.
-Le délai de rétractation accordé aux parents ayant abandonné leur enfant est de 2 mois, durant ce délai, ils ont le droit de demander à retrouver leur enfant, l’adoption ne pouvant plus avoir lieu.
Pour qu’un enfant soit adoptable, la loi exige qu’il y ait de la part des parents « désintérêt manifeste et volontaire depuis plus d’un an ». Le juge étant libre d’apprécier si ces conditions sont ou non requises.
Précisons également que lorsqu’un enfant est placé, il garde parfois un lien avec son ou ses parents. Ce sera alors à l’Etat de décider si oui ou non cet enfant est adoptable, aux vues des conditions précisées ci-dessus. Enfin, ajoutons que si l’enfant, n’a été abandonné que par un seul de ses parents, le Service d’Aide Sociale à l’Enfance a obligation de retrouver le second pour savoir si l’enfant peut faire ou non l’objet d’une procédure d’adoption.
Autant de conditions qui requièrent du temps, de l’argent et peuvent aboutir à l’exclusion de l’adoption mais à travers lesquelles le législateur cherche avant tout le bien-être de l’enfant, la solution la moins traumatisante, bouleversante pour lui assurer repères et équilibre dont il a besoin !
Enfin, il est important de rappeler que des enfants ne trouvent pas de famille et que ce n’est pas faute, pour les Services sociaux, d’essayer ! Seulement voilà, lorsqu’on adopte, on désire un enfant le plus jeune possible excluant les « trop grands », on a peur des enfants « à problèmes » ayant un lourd passé, on ne veut pas adopter frère(s) et sœur(s),… autant d’enfants, qui pourtant, cherchent un famille.
Pour en savoir plus :
Le site de l’association Enfance et Familles d’Adoption : www.adoptionefa.org
Relatif à l’adoption internationale : www.diplomatie.gouv.fr
ainsi que : www.ssiss.ch
A lire : Le Guide de l’adoption, J.-J. Choulot et M. de Béchillon, éditions Odile Jacob