John Galliano, bouillonnant styliste de la maison Dior a lancé en 2008 un parfum baroque, haut en couleurs. Entre notes acidulées et parfum d'encens, le parfum de John Galliano joue
les trouble-fêtes. Insistant sans être écoeurant, il mêle la délicatesse de
la rose et la force du patchouli.
Peu importe le flacon dit-on, pourvu qu'il y ait l'ivresse. L'adage fait long feu avec ce parfum de John Galliano dont le flacon est rien rococo. Rose et noir, surmonté de son initiale traitée en lettre gothique, portant en étiquette un personnage de Comedia del'Arte, l'emballage demeure fidèle à la personnalité de son créateur : un rien exagéré, ne reniant pas le cliché. Il tente une synthèse biographique en jouant sur le passé du créateur. Toute jeune fille se retrouvera dans les premières notes acidulées comme un bonbon rappelant "l'odeur de repassage des ateliers". La première sensation est enrichie par la profonde tonalité d'un encens d'église, qui évoque son enfance passée sur les marches du ch¦ur a chanter cantiques et vêpres. Les parfums de roses douceâtres, l'iris et la violette, sont la reproduction des "senteurs poudrées et féminines des actrices dans les loges du National Theatre de Londres" où Galliano fut en son jeune temps habilleur. Le tout est soutenu par un accord boisé fumé, teinté d'ambre et de patchouli. "Quelque chose de très couture, à la fois moderne et Belle Epoque, avec une touche de curiosité enfantine. Le parfum de poudre d'une fille qui se maquille, mêlé à l'odeur musquée d'un flacon ancien, à l'exubérance glamour et feutrée des coulisses d'un défilé", dit le parfumeur Christine Nagel de la première fragrance signée Galliano.
Le culte de la personnalité
Le parfum s'ingénie à contenir l'univers olfactif de Juan Carlos Antonio
Galliano, né en 1960 à Gibraltar. Il quitte cette terre située aux confins
des continents, à six ans pour le sud de Londres. Fils d'une famille
modeste, il trace dès l'adolescence les chemins qui le mèneront à la
success-story que l'on connaît aujourd'hui. Il fut reçu premier à la
prestigieuse Saint Martins School of Art de Londres officiant dans les
coulisses du Théâtre national de Londres pour financer ces études. Styliste
pour Dior depuis 1997 et promoteur de sa propre marque depuis 25 ans, il
s'affirme comme un créateur prolifique, touche-à-tout génial et rigoureux à
la fois. Bercé par une culture latine, éveillé par les saveurs des souks
marocains, éduqué par l'ironie londonienne, John Galliano combine dans ce
parfum les essences, en impose la synthèse riche et envoûtante. Pour lui, le
parfum est "le point de départ d'une rencontre." à travers lui, se
manifeste donc une séduction personnifiée. Dites-moi quel parfum vous
portez, je vous dirait quelle amoureuse vous êtes. pourrait être sa devise.
Mais incarner la femme idéale n'est pas chose donnée, avec Christine Nagel,
créatrice de la fragrance du parfum Galliano, l'épopée dura un an et demanda
des centaines d'essais. Au final, un parfum entêtant, qui ne laisse pas
indifférent et ne se porte pas en toutes occasions.
Renée Lauster pour beaute-femme.org